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Sortir de sa zone de confort : faut-il changer à tout prix ?

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Sortir de sa zone de confort : faut-il changer à tout prix ?

On a tous entendu cette injonction : « pour être heureux, sortez de votre zone de confort ! » ou encore « la vie commence là où la zone de confort se termine » ! On en a fait des affiches, des mugs, des tee-shirts, des livres et des conférences qui se vendent très bien.

La zone de confort est devenue le gros mot ! 

Mais dans notre société déjà instable, faut-il vraiment s’acharner à changer et casser nos habitudes ? Dois-je sortir de ma zone de confort à tout prix pour être heureux ? Faut-il sacrifier notre stabilité pour tout lâcher, vraiment ?  

Reprenons tout depuis le début ! 

« La zone de confort » c’est quoi ? 

« La zone de confort est un état psychologique dans lequel on se sent familier, en sécurité, à l’aise et en sûreté », Roy T. Bennett.

La zone de confort fait référence à nos habitudes, nos références, nos pensées qui forment notre quotidien. Les points forts, talents, compétences dont nous disposons. 

Une zone dans laquelle on agit en « pilote automatique », notre quotidien, nos routines. Bref, un environnement maîtrisé.

Pourquoi se sent-on bien dans la zone de confort et pourquoi ressent-on de l’inconfort, de la peur, quand on en sort ?

Le cerveau est très conservateur malgré sa plasticité.

Les habitudes sont les grandes organisatrices de notre vie. Le cerveau n’aime pas les changements, il ne peut changer que doucement ! Eh oui et même si cette zone de confort n’est pas forcément une situation optimale, elle est rassurante. 

Notre cerveau primaire, qui n’a pas bougé depuis 70 000 ans est toujours en quête de survie, il veut nous protéger. Il n’aime pas l’incertitude, le risque et le changement… Il nous permet depuis toujours de nous alerter face à un danger, dans l’incertitude. La peur est une émotion humaine fondamentale qui est une réaction naturelle au danger. C’est un sentiment nécessaire et utilisable qui nous permet, entre autres, de survivre et d’évoluer.

Face à l’incertitude, le risque, le changement, notre cerveau fait son travail, il nous protège et déclenche des émotions et sensations de panique, de peur, scenario catastrophe, etc.

Et oui, la peur que nous ressentons dans certaines situations ou face à l’inconnu est liée à des systèmes émotionnels puissants mis en place pour protéger l’espèce. Et quand les alertes sont là, elles sont fortes ! A la hauteur du danger qu’affrontaient nos ancêtres en sortant de leur caverne ! 

Donc, quand vous entreprenez de changer vos habitudes, que vous sortez de votre zone de confort, vous allez forcément ressentir de l’inconfort, des émotions qui vont vous alerter.

C’est un passage obligé pour grandir et évoluer 

Acquérir de nouvelles habitudes en contradiction avec les anciennes, ne plus avoir le luxe du « pilotage automatique » mais pratiquer une réflexion constante. Bref, pour changer, il faut rentrer dans une zone de turbulences qui peut secouer. 

Comment faire le tri entre ces alertes, qui sont un passage obligé pour évoluer, et les vrais doutes sur le projet que vous entreprenez ? 

D’abord, décidez si sortir de votre zone de confort est nécessaire !  

Comment savoir s’il faut changer ? Si c’est le moment de sortir de sa zone de confort ? Comment avoir l’audace de se projeter dans un néant pour tout quitter et se réinventer ? 

Le changement doit correspondre profondément à un désir. Un vrai. Il faut prendre le temps de se poser réellement une question : celle de son désir. 

A quoi correspond cette envie de changement qui justifierait la zone d’inconfort que l’on va traverser et quelles sont ses valeurs ? 

Brooke Castillo, célèbre Mastercoach américaine, définit la zone d’inconfort comme une « river of misery », illustrant ce qu’on est prêt à endurer pour se retrouver de l’autre côté. Là où on désire profondément être. 

Face à la peur du changement, si l’élément motivationnel est là, l’audace nous aide. Peu importe les obstacles, échecs si vous êtes alignés avec votre changement profond, vous trouverez l’audace de rebondir.

Ce désir profond n’a rien à voir avec les injonctions de flexibilité présentes partout en entreprise et dans la société 

« Si tu n’as pas monté ta start-up à 30 ans ou pas couru le marathon à 40 ans, t’as loupé ta vie !

On parle d’une véritable introspection qui permettra de déjouer justement les injonctions de notre société pour trouver le vrai désir. 

Attention aussi aux envies de changement sollicitées par par un tiers ou par un événement. Sortir de sa zone de confort, changer, ne doit pas être à la demande d’un tiers !

On dit que le couple peut être un moteur de changement s’il est accompagné d’un travail sur soi… Mais essayez de demander à votre partenaire d’arrêter de fumer ou de commencer à faire du sport, si ça marche (well done !), mais c’est sûrement temporaire…

Un conjoint peut regarder nos habitudes comme des manies à changer, votre collègue ou supérieur peut vous faire des remarques sur votre comportement qui peuvent être un frein à la productivité. Ça peut déclencher une réflexion, une remise en question, mais si on doit profondément changer, pour de vrai, la motivation doit venir de nous.

Le changement, c’est une prise de conscience en soi qui est un désir profond et réel, ce n’est pas une mode ou un besoin artificiel. Si on le veut durable, il ne peut être imposé par l’extérieur. 

Soyez aussi conscient de l’inconfort du surplace dans cette zone de confort !

Le changement peut être dur à vivre mais le surplace ou l’immobilisme aussi. Imaginons qu’après introspection, vous désirez profondément ce que le changement apportera. 

Ce n’est pas une injonction de la société ou d’autrui, c’est bien votre mégaphone intérieur qui vous le dit à voix haute ! Mais vous ne vous sentez pas à l’aise, vous avez des peurs bien justifiées, des scénarios catastrophe qui se bousculent dans votre tête.

Le problème c’est que, dans certains cas, le surplace, ne pas écouter ce désir, peut être aussi inconfortable que l’action. Pourquoi ? D’abord parce que vous allez être en profonde dissonance avec vous-même, ce n’est pas agréable. Et puis les émotions que vous allez ressentir sont déjà là sans les bénéfices de l’action. 

La peur, l’angoisse, vous y êtes déjà. 

Ne sortez pas de votre zone de confort mais élargissez-la ! 

Alors, comment trouver du confort dans l’inconfort ?

Il faut d’abord accepter la résistance au changement et la peur. 

Ces émotions, ces ressentis ne sont pas forcement négatifs. Ils peuvent vouloir dire quelque chose de fort sur nous. 

Le fait est que reconnaître sa peur n’est pas une étape facile ; cela nous met dans un état de vulnérabilité, et ce n’est pas toujours un endroit agréable à vivre.

N’ayez pas peur de vous asseoir avec vos peurs. C’est souvent lié à l’estime de soi. La honte, la gêne, l’embarras.

Écoutez-les sans les laisser polluer votre esprit. Posez-vous toutes les questions qui vous angoissent calmement…

Observez vos réactions physiques, la boule au ventre, le stress.  Sachez que votre cerveau met en place ces stratagèmes pour vous alerter et vous faire revenir dans vos habitudes, dans l’ancien monde.

Soyez conscient de ces phénomènes, avez-vous besoin de plus de temps ? 

Ou peut-être comme le conseille Charles Pépin, avez-vous besoin de faire plus souvent des allers-retours dans votre zone de confort. 

Le philosophe parle « d’une valse à deux temps ». 

Revenez vers ce qui est familier de temps en temps, ces petits retours rassurent. 

Autre conseil de Charles Pépin, la confiance en soi vient de l’action, de la pratique de la chose. Plus vous faites, plus vous êtes en confiance. Pour faire naître une véritable confiance, il faut que notre compétence soit le lieu de développement de notre créativité et qu’elle nous amène ainsi à sortir de notre zone de confort. Les heures passées à s’entraîner, à répéter, à acquérir une compétence développent notre confiance. 

Soyez bienveillant et écoutez-vous 

Pour naviguer dans cette zone d’inconfort, des sentiments tels que l’appréciation, l’amour de soi, l’acceptation ou la sécurité vous aident à construire votre confort de base. C’est à cet endroit que les graines d’une croissance authentique peuvent être enracinées.

Choisissez le rythme qui vous permet d’être efficace sans vous « cramer ». 

Petit à petit…

Sachez que « l’anxiété améliore les performances jusqu’à ce qu’un certain niveau optimal d’excitation soit atteint. Au-delà de ce point, les performances se détériorent à mesure que des niveaux d’anxiété plus élevés sont atteints » – Robert Yerkes.

Si le stress ou l’anxiété prennent le dessus, vous n’allez plus être capable d’atteindre vos objectifs. N’oubliez pas que vous avez besoin d’un certain niveau de confort émotionnel pour accomplir cette action.

Il ne faut pas que le stress positif (qui vous aide à accomplir vos buts) se transforme en détresse. 

Utilisez la force des habitudes ! 

L’avantage de la plasticité du cerveau, c’est qu’on peut créer des nouvelles habitudes qui, à force de régularité, deviendront votre nouvelle zone de confort

A force de régularité et de pratique, on peut se recâbler ! 

Comment se forment les habitudes : la boucle des habitudes ?

Notre cerveau, c’est plus de 99% d’habitudes ! 

Depuis tout petit, pour apprendre de nouvelles choses, on essaye, échoue, on réussit et on est récompensé (par exemple par les parents, l’école). 

Ces éléments consolident les circuits. On explore, on persiste et on installe l’habitude. On fait automatiquement du vélo, en pilote automatique. La boucle de l’habitude pour faire de nouveaux câblages : la régularité. Dans notre cerveau rien ne s’efface, les couches se superposent donc on n’est pas à l’abri de rechutes. Donc soyez bienveillant avec vous-même ! 

Il faut recâbler le cerveau et ne pas oublier qu’il y aura des découragements, des moments plus difficiles. Mais si l’élément motivationnel est là, le changement est possible. C’est la magie de notre fonctionnement : nous sommes « plastiques » : ce qui fait qu’on a des habitudes ancrées nous permet aussi d’en faire de nouvelles.