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La ménopause et les douleurs articulaires

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Préménopause / Ménopause

La ménopause et les douleurs articulaires

La ménopause et la préménopause peuvent entraîner des douleurs articulaires. Les changements des niveaux hormonaux qui se produisent au début et pendant la durée de la ménopause peuvent avoir un effet sur la santé des os. La réduction des œstrogènes semble être un facteur majeur de la douleur articulaire.

Entretien avec Florence Trémollières, professeur en gynécologie médicale qui dirige le centre de ménopause de Toulouse, le seul qui existe en France.

A quel âge en moyenne pouvons-nous êtes confrontées à nos premières douleurs articulaires ?

Il y a tellement de facteurs qui peuvent être à l’origine de douleurs articulaires.

Si vous parlez de douleurs ostéo-articulaires qui sont en rapport avec la carence œstrogénique, je dirais dès le début.

Ce qui caractérise la ménopause, c’est l’arrêt du fonctionnement ovarien et en particulier une carence hormonale.

Cette carence hormonale a un certain nombre de conséquences sur différents tissus et elle est en particulier à l’origine d’une sur-sécrétion chez certaines femmes de cytokines inflammatoires au niveau des cellules du micro-environnement cartilagineux qui va être à l’origine de certaines douleurs.

Les douleurs articulaires commencent en préménopause ou en ménopause ?

On peut avoir une carence œstrogénique alors même qu’on n’est pas, selon les critères de la définition de la ménopause, ménopausée.

La ménopause, c’est une année sans règles. Il n’en demeure pas moins que ça, c’est une définition au niveau de la population et que chez une femme qui peut être en arrêt de règles de plus de 3 ou 4 mois ou avoir des cycles très irréguliers, on peut déjà avoir l’expression de la carence œstrogénique en tant que telle.

Elle ne sera peut-être pas constante mais peut déjà être présente plusieurs mois ou plusieurs semaines dans l’année.

La problématique des douleurs est qu’elles ne sont pas toutes forcément en rapport avec la ménopause. Cela peut être des douleurs d’arthrose, de scoliose…

On considère les douleurs ostéo-articulaires de la carence œstrogénique, c’est-à-dire des douleurs qui sont de type inflammatoire, qui sont surtout présentes le matin, qui s’améliorent avec l’activité physique, qui sont fluctuantes dans le temps et dans le type d’articulation touchée.

Et bien ces douleurs-là effectivement commencent au début de la ménopause. Une période pas toujours facile à préciser car certaines femmes ne sont pas encore totalement ménopausées alors qu’elles ont déjà des carences. On parle alors de transition ménopausique, elle peut durer jusqu’à trois ans avant l’arrêt définitif des menstruations, mais pas chez tout le monde.

On peut donc avoir des prémices de ces douleurs en préménopause. Chez certaines femmes, l’ovaire peut marcher encore 2 ou 3 mois par an. Les mois où il ne marche pas, les femmes pourront avoir les signes de la ménopause. C’est très individuel, on ne peut pas prédire à quel moment une femme sera vraiment ménopausée.

A quel moment faut-il s’inquiéter ?

Il faut s’inquiéter si ces douleurs deviennent importantes et si elles s’accompagnent de déformation des articulations.  

Ce qui différencie les douleurs liées à la carence hormonale aux douleurs d’origine mécanique, c’est que l’activité physique améliore les douleurs liées à cette carence.

Il y a une variabilité interindividuelle qui est tellement importante d’une femme à l’autre qu’on ne peut pas généraliser pour toutes les femmes.

On a vu par exemple que les femmes qui ont un cancer du sein, qui ont une carence œstrogénique très forte par rapport à une ménopause naturelle et qui sont traitées avec des anti-aromatases, disent toutes que l’activité physique limite les douleurs articulaires.

En cas de douleurs articulaires, faut-il prendre un traitement hormonal ?

C’est assez exceptionnel que les douleurs ostéo-articulaires soient les seuls motifs qui justifient la mise en route d’un traitement hormonal.

La plupart du temps, ça s’intègre dans un contexte un peu plus large avec des bouffées de chaleur, des troubles du sommeil, des inconvénients génito-urinaires. Mais j’ai déjà eu des patientes, et c’est très rare, qui ont pris ce traitement uniquement pour ces douleurs articulaires. Et ça a très bien fonctionné.

Mais c’est assez exceptionnel que la symptomatologie de la ménopause se résume uniquement à ces douleurs ostéo-articulaires.

Pendant combien de temps faut-il prendre un traitement hormonal ?

Tant que vous avez des symptômes ! Là aussi, on ne peut prédire à personne combien de temps ils vont durer.

Si on parle de douleurs ostéo-articulaires, c’est vraiment le début de la ménopause, ce sont les 3 à 5 premières années de la ménopause. C’est un peu différent des bouffées de chaleur qui peuvent durer jusqu’à l’âge de 80 ans, pour les autres douleurs typiques du début de la ménopause, elles disparaissent ensuite.

Ces douleurs liées à cette hyper sécrétion de cytokine inflammatoire, c’est le début de la ménopause.

Comment soulage-t-on un mal de dos ? Quelles sont les meilleures solutions anti-douleur ?

Il n’y a pas de solutions à part la physiothérapie (soins d’entretien musculaire comme la kinésithérapie, l’ostéopathie…) et les antalgiques. Mais ça n’a plus aucun rapport avec la ménopause.

Quel est l’ennemi n°1 du mal de dos ?

Il faut avoir une activité physique qui entretienne votre musculation du dos. Evitez les mauvaises positions sur vos postes de travail, il y a toute une ergothérapie qui s’est développée dans la médecine du travail qui est de plus en plus prise en compte dans les entreprises. Notamment pour les professionnels qui sont assis toute la journée devant un ordinateur ou devant un bureau.

Mais il n’existe pas un remède !

Comment soulager les douleurs articulaires dans les genoux ou la hanche par exemple ?

Cela relève de la rhumatologie, si vous avez une gonarthrose, à part faire des injections d’acide hyaluronique, de PRP ou de cortisone, ou finir par une prothèse totale du genou, il n’y a pas de solutions.

Si la douleur est liée à l’usure du cartilage, le cartilage une fois usé ne se renouvelle pas. Il n’y a pas de prévention particulière à avoir, si ce n’est une activité physique régulière sans excès.

A quel moment pouvons-nous parler d’ostéoporose ?

Ca c’est très clair, elle est définie par une diminution de votre capital minéral osseux. Si votre capital osseux est en deça d’un certain seuil, vous avez selon les critères densitométriques de l’OMS, une ostéoporose. Ou lorsque vous avez fait une fracture dans une certaine circonstance de traumatisme peu importante et en dehors des orteils, des doigts, des pieds, du crâne ou du rachis cervical.

Si notre maman a par exemple une ostéoporose, avons-nous des risques de l’avoir ? Comment l’éviter ?

Oui, il y a une prédisposition familiale. Vous ne pouvez rien faire en amont sauf ajouter un facteur de risque supplémentaire comme par exemple le tabagisme, la maigreur excessive lorsqu’elle induit un arrêt de règles.

Certaines femmes qui, après 45 ans, n’acceptent pas de grossir, ce qui est physiologique avec l’âge, et font des régimes extrêment restrictifs en protéines ou en lipides pour ne pas prendre de poids, seront sujettes, si elles sont prédestinées à faire une ostéoporose due à leur capital génétique, c’est sûr qu’elles vont rajouter un facteur de risque de déminéralisation.

Y a-t-il une relation avec la nourriture ?

Il n’y a pas de relation car l’ostéoporose est déterminée à 80% par des facteurs génétiques.

Il est vrai qu’on recommande des apports en calcium minimum pour ne pas rajouter un facteur supplémentaire qui contribuerait à dégrader votre capital osseux mais encore une fois, si vous êtes programmée à faire de l’ostéoporose, vous pourrez marcher sur la tête, ça ne changera rien !

A quel moment devons-nous nous inquiéter par rapport à ça ?

On doit faire un dépistage au moment de la ménopause car c’est le seul moment où on va pouvoir mettre en œuvre éventuellement un traitement qui s’opposera à la dégradation du capital osseux.

Puisque globalement jusqu’à la ménopause, sauf si vous avez une maladie qui impacte le squelette, on va vous traiter pour éviter ça.

Donc on recommande de plus en plus, dès le début de la ménopause, de faire un dépistage de l’ostéoporose en faisant un examen d’ostéo-densitométrie et particulièrement si vous avez déjà des facteurs de risques qui peuvent favoriser l’ostéoporose (par exemple une maman qui a une ostéoporose).

Si vous faites les examens après 60 ans, et que l’ostéoporose s’est développée, vous ne pourrez plus rien faire. Ce qui a été perdu, est définitivement perdu.

Si je suis ménopausée, qu’on me fait cet examen et que les résultats ne sont pas très bons, quel est mon recours ? Le traitement hormonal ?

C’est la première alternative à discuter. Mais certaines femmes ne peuvent pas le prendre ou refusent de le prendre. On peut proposer un traitement à l’ostéoposose mais c’est très rare, il faut vraiment qu’il y ait des déminéralisations très importantes pour qu’on le suggère en début de ménopause. Habituellement, ils sont donnés à des femmes de + de 65 ans.

Y a-t-il des sports qu’on ne peut pas faire ?

Ca c’est vraiment du bon sens. Si ça met en pression vos articulations, si votre cartilage est dégradé alors il ne faut pas faire n’importe quoi. Pas les sports qui sont à l’origine de douleurs.

Mais si vous n’avez pas mal, que vous avez 52 ans, que vous êtes ménopausée, vous pouvez courir par exemple. Il faut vous écouter !

Il  y a aussi les sports de renforcement musculaire plus doux, la gymnastique, le yoga, le pilate. On conseille ces sports mais aussi la marche rapide !

Et l’alimentation dans tout ça ?

Il faut qu’elle soit la plus saine possible, équilibrée, avec des apports réguliers en protides et en calcium.

Les protéines, c’est le fuel musculaire et osseux. Le calcium est nécessaire à l’organisme. Ce dernier est très bien fait, il a un réservoir extraordinaire qui s’appelle le tissu osseux, il va aller puiser dedans.

Si vous n’aimez pas les laitages, il y a du calcium dans d’autres aliments en quantité plus faible dans certains fruits secs, légumes verts ou poissons gras.

Et puis, on a trois eaux minéralisées riches en calcium qui sont Contrexeville, Courmayeur et Hépar qui apporteront en plus du calcium.

Et les graines de sésame ou de lin, ce sont des idées reçues ?

Il faudrait en manger une énorme quantité !!! Vous imaginez ?!

Mais c’est un bon complément. Surtout ne pas en faire la base pour remplacer le calcium.

Vous pouvez en complément manger des fruits secs, les amandes, les noisettes, par exemple.

Les poissons gras sont parfaits, si vous mangez des sardines avec arêtes par exemple, ça fait un bon complément aussi.

Le mieux ce sont les produits laitiers, notamment les fromages à pâte dure comme le comté, le cantal, le parmesan, l’emmental (30 g par jour) ou du lait.

Si vous avez peur de grossir, on conseille d’en manger au petit-déjeuner.

Que se passe-t-il si on ne fait pas de sport ?

Sachez qu’il n’y a aucun rapport entre le sport et l’ostéoporose ! On conseille une activité régulière car on connaît les bénéfices sur le plan cardio-vasculaire, cognitif mais ça ne veut pas dire que si vous ne faites pas de sport, vous allez développer des maladies. C’est un tout !

L’ostéoporose est-elle une maladie qui dégénère ?

C’est une maladie qui va ne faire que s’aggraver avec le vieillissement.

Et la vitamine D ?

Elle est conseillée car elle permet l’absorption du calcium. Donc soit vous avez une exposition solaire suffisante vous permettant d’avoir des taux de vitamine D recommandés, soit il est conseillé d’en prendre, surtout en hiver. Après 60 ans, c’est hautement recommandé. Tout dépend de votre vie. Si vous ne vous exposez jamais, il faut en prendre avant.

C’est important d’en donner si vous avez déjà de l’ostéoporose.

Il y a des femmes qui développent des symptômes qui sont associés aux débuts de la ménopause sans qu’il y ait une relation de cause à effet directe avec la carence hormonale.

En d’autres termes, ce n’est pas parce que vous allez leur donner un traitement que ça va améliorer certains de ces symptômes.

Et pourtant, ces symptômes sont quand même quelque part en lien avec le fait qu’elles sont ménopausées.

C’est tout le poids du psychisme qui crée certains troubles dysfonctionnels pour lesquels on n’a pas de substratum explicatif très particulier et pour lequel il n’y a pas une solution thérapeutique évidente.

Le psychisme est important !

Un dernier mot à ajouter ?

La ménopause, c’est le bon moment pour faire un check-up de ma santé pour essayer d’identifier certains des facteurs de risques notamment sur le plan cardio-vasculaire ou de l’ostéoporose.

On entre dans une nouvelle étape de notre vie où nous ne devons rien négliger. Nous devons tout faire pour que notre hygiène de vie soit la meilleure possible. Car comme nous n’avons plus nos œstrogènes, nous sommes moins protégées par rapport à certains problèmes de santé.

http://www.grio.org/membres-comite-directeur-details-7.php

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