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Moins de stress grâce au sexe !

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moins de stress grâce au sexe
Relations / Sexualité

Moins de stress grâce au sexe !

Dans son livre « Moins de stress grâce au sexe » (Albin Michel), Magali Croset-Calisto, psychologue, addictologue et sexologue a fait le constat que l’amour et l’épanouissement sexuel ont la faculté de désamorcer des situations de stress bien avancées… Elle nous explique tout dans cet entretien et nous livre ses meilleurs conseils.

Couverture livre  "moins de stress grâce au sexe"

Comment faire pour enrayer ce stress pour les couples les plus anxieux, les plus connectés ?

Pour éviter le « burn-out amoureux », pour inverser la spirale et repartir sur de bonnes bases, il est judicieux de pouvoir apprivoiser le stress, pour s’en servir comme d’un levier. D’autant plus en cette période. Dans mon livre « Moins de stress grâce au sexe », je propose des pistes pour les couples qui sont désireux de casser la spirale infernale et de se retrouver avec intensité et sérénité aussi. Toutefois, pour bénéficier des bienfaits de la sexualité, il est nécessaire de revoir notre rapport au temps, à l’amour, à soi-même, ainsi qu’à l’être aimé… Jusqu’à présent, nous étions dans le «faire» et moins dans le «ressentir».

Les exercices que je propose permettent une reconnexion de l’imaginaire et des affects mais aussi des corps, par trop souvent oubliés dans notre société hyperconnectée.

Le sex-time 

L’idée est d’inscrire dans son agenda un rendez-vous avec son partenaire. Le but n’est pas d’avoir un rapport sexuel complet (non, la pénétration n’est pas obligatoire), mais de s’octroyer un moment intime avec des caresses, des baisers, du peau à peau sur un moment ciblé et circonscrit au départ. Ce moment évite la charge mentale provoquée par l’incertitude et la pression interne qui monte face au temps qui passe sans qu’il ne se passe rien. Il permet aux deux partenaires de se mettre d’accord à l’avance sur le « bon moment ».

La boîte à fantasmes 

Si vous pensez avoir perdu votre imaginaire érotique et avoir fait le tour de celui de votre partenaire, ce jeu est pour vous. Chacun écrit ses désirs sur un bout de papier. Lors d’une soirée dans un cadre propice et anticipé, l’un des partenaires tire un de ceux-ci et essaie de contribuer du mieux possible au fantasme de l’autre qui lui est proposé. Il s’engage à faire ce que l’autre demande (un joker est possible). Cela permet de redécouvrir l’autre, lorsque l’habitude a pris le dessus.

Le slow-sex 

Le slow-sex permet de se reconnecter à ses sensations, au corps de l’autre, de s’adonner à une activité sexuelle sans viser l’orgasme cependant. Le but premier est le bien-être.

Le slow-sex doit pousser les partenaires vers des zones jamais ou peu caressées de manière à sonder leur potentiel érogène. Il vaut mieux avoir du temps devant soi et prévoir une heure ou une heure et demie. Je conseille de scinder le moment en deux. Durant la première demi-heure, la femme guide son/sa partenaire en lui indiquant ce qu’elle aime, ce qu’elle veut et comment. Et durant la deuxième demi-heure, les partenaires échangent les rôles.

Le but du slow-sex est de renouer avec le temps qui passe de manière positive et sensitive. On se caresse, on explore différents endroits du corps, on le découvre, on peut se masser, se bander les yeux… L’objectif est de renouer avec ses sensations psycho-corporelles tout en prenant son temps.

Le stress peut-il nous faire perdre tous nos moyens (sexuels) ? Hommes et femmes ?

Oui c’est possible. Dyspareunies (douleurs lors des rapports) et baisse de libido chez les femmes, dysfonctions érectiles et troubles de l’éjaculation chez les hommes sont les symptômes les plus fréquents. En temps normal, comme en temps de crise, le stress a plutôt tendance à fragiliser les individus. La production de cortisol (hormone du stress) envahit et détruit tout sur son passage. Conflits, irritabilité, colères mais aussi peurs, anxiété, phobies sont des effets bien connus du stress. Dans la vie des couples, cela se traduit par une absence de désir, par des blocages, des douleurs mais aussi des problèmes relationnels et de confiance en soi et/ou en l’autre. Il est important de rappeler régulièrement que face au stress, des solutions existent.

Pourquoi le stress à répétition inhibe peu à peu nos défenses immunitaires et altère notre déploiement affectif ?

Tout d’abord, il ne faut pas oublier que le stress est nécessaire et inhérent à toute condition humaine. En effet, le stress nous concerne tous et nous permet de réagir et de s’adapter face à un imprévu. A ce titre, il agit sur l’ensemble de notre organisme et s’avère essentiel à tout être humain. Lorsque l’adaptation à un stress soudain connaît des difficultés, le stress positif provoqué par la phase d’alerte se transforme alors peu à peu en stress néfaste (phase de résistance puis phase d’épuisement).

C’est pourquoi, il est utile d’apprendre à repérer son degré de stress pour mettre en place les premiers pare-feux face à la pression, sans quoi des effets physiologiques mais aussi psychologiques viennent altérer la santé des individus. Cela est dû à l’augmentation du taux de cortisol dans le corps et des dérèglements neurobiologiques qu’il induit.

Pourquoi le sexe est-il le meilleur antistress ?

La sexualité possède des pouvoirs étonnants que l’on ne cite pas assez régulièrement. Outre le fait qu’elle renforce le système cardio-vasculaire et le système immunitaire, elle améliore également le sommeil et facilite la concentration. De plus, la sexualité est connue pour faire (un peu) maigrir tout en ralentissant le vieillissement de la peau. Cela provient des sécrétions de tout un cocktail chimique véhiculé par nos neurostransmetteurs telles que notamment la dopamine qui possède un effet « booster », les endorphines à l’origine de nos sensations de plaisir et les ocytocines qui favorisent les liens affectifs et l’attachement entre les êtres.

Vous dites que le sexe peut-être un lieu de sécurité intérieure et de ressources face aux problèmes ? Pourquoi, comment ?

Quand il est bien vécu, c’est-à-dire avec plaisir et abandon, le sexe sort l’humain du stress. Voilà la grande nouveauté. Stress et sexe peuvent donc faire bon ménage. Le sexe devient alors une solution pour réduire le stress. Pourquoi cela me direz-vous ? Parce que la sexualité, avec les hormones qu’elle libère, a toujours été considérée comme une réelle source d’énergie. Elle possède des vertus psycho-corporelles qui solidarise les individus tout en renforçant les défenses immunitaires et le système cardio-vasculaire de chacun. La seule règle est que les deux partenaires soient en phase avec leur désir pour passer des moments d’amour et d’intimité partagés.

D’ailleurs, je rappelle fréquemment que l’enjeu n’est pas le sexe à tout prix. Mais bien l’amour, la tendresse et tout ce qui peut faire du bien aux couples. De même, la génitalisation des rapports n’est pas exclusive, le plaisir peut exister en dehors de la pénétration. Et pour les personnes seules, le sexe en solo ne doit pas être une source d’inquiétude. Il n’y a pas de mal à se faire du bien, comme disait l’adage. D’ailleurs les ventes de sex-toys et jouets intimes ont fait un bond de 40 % durant les différents confinements.

Quels sont les différents stress ?

Le stress fut étudié pour la première fois au début du XXème siècle. A l’origine, ce concept recoupait différents champs scientifiques tels que la biologie, la médecine, les sciences sociales et humaines, la psychologie ou encore la psychosomatique.

Le stress est une réponse neurobiologique activée de manière naturelle dans le corps qui inonde l’organisme lors d’événements inattendus ou désagréablement récurrents. Nécessaire et inhérent à toute condition humaine, le stress permet une réaction et une adaptation de l’organisme face à un imprévu.

A ce titre, il est capable d’agir sur l’ensemble des fonctions physiques et psychiques et s’avère essentiel à tout être humain. Son interaction fonctionne à large spectre. Aujourd’hui, il fait l’objet de nombreuses études dans le champ des neurosciences ainsi que dans le monde du travail.

Physiologiques ? Psychiques ?

Tout a commencé avec un homme : Hans Selye. Pionnier des recherches relatives au stress, Hans Selye est un jeune médecin canadien d’origine hongroise qui, dès 1920, s’intéresse au stress en tant que « syndrome général d’adaptation  ».

Le « syndrome général d’adaptation  » fait toujours référence aujourd’hui. Le processus se déroule en trois phases : la phase d’alarme (la réaction d’alerte), la phase de résistance, la phase d’épuisement.

La phase d’alarme et de réaction

Elle s’accompagne de deux réactions indissociables et chronologiques : la phase de choc, la phase de contre-choc. La phase d’alarme correspond à un état de surprise, de sursaut, voire de sidération face à l’agression soudaine. La réaction de contre-choc représente la période de mise en place de moyens de défense pour faire face à l’agression et à l’événement stresseur/stressant.

Chaque personne ayant vécu des traumatismes, qu’ils soient sexuels ou d’autres natures, savent à quel point cette « chronologie du choc » marque à jamais leur existence. Dans mon cabinet de consultations, il n’est pas rare d’entendre mes patients évoquer un « avant » et un « après » de l’événement. Plus que la date calendaire, l’événement traumatique devient un marqueur spatio-temporel dans le déroulement d’une vie. Il représente le point fixe, la datation personnelle qui « marque » dans tous les sens du terme : celle d’un stress ou d’un trauma inattendu, parfois récurrent, toujours subi.

La phase de résistance

La seconde phase, celle de résistance, est une phase d’adaptation face aux agents stresseurs. Elle sollicite les mécanismes nerveux, hormonaux et immunitaires du corps humain. Les réactions produites relèvent de l’émotionnel, du cognitif, du corporel et du comportemental. Le stress est la réponse de l’organisme en vue de s’adapter à toute demande de son environnement, nous dit Selye. Cette phase induit des sécrétions de cortisol (hormone du stress) et d’adrénaline à doses soutenues et renouvelées.

La phase d’épuisement

Elle apparaît quand l’organisme ne parvient plus à s’adapter face aux agents stresseurs. Des problèmes psychiques et somatiques surgissent. Cela correspond bien souvent à cette phrase que l’on entend fréquemment : « le corps parle ». Mal de dos, gorge nouée, maux de ventre, fatigue intense, motivation en berne, sentiment que le sol s’écroule sous les pieds… L’organisme se relâche. La décompensation guette.

Votre patientèle a-t-elle souvent des troubles sexuels liés au stress ?

Oui, bien-sûr, et d’autant plus depuis le début de la crise sanitaire. En tant que psychologue mais aussi et surtout sexologue, je reçois beaucoup de personnes qui viennent consulter pour des problématiques en lien avec la sexualité.

La pandémie a décuplé les peurs et les angoisses chez de nombreuses personnes. Inconsciemment ou non, la plupart des demandes font suite à un état de stress personnel, professionnel, familial ou de couple.

Qu’il s’agisse de troubles somatiques ou de troubles psychiques, il est important de consulter pour comprendre les ressorts latents du stress pour apprendre à tenir dans la durée et éviter les processus délétères de répétition durant cette crise qui n’en finit plus.

Que se passe-t-il dans ces cas-là ? Faut-il consulter ?

Je le conseille hautement à toute personne qui souhaite se faire aider pour aller mieux. Consulter est un acte de courage car il n’est jamais facile de parler de son intimité à un inconnu. La formation et l’expérience des professionnels de santé sont là pour faire le reste, avec bienveillance et en toute neutralité.

Au bout de combien de temps ces troubles peuvent-ils disparaître ?

Tout dépend des demandes et des symptômes. Il faut compter quelques séances (entre 4 et 8) pour certains troubles liés au stress. Les thérapies cognitivo-comportementales offrent de très bons résultats. Le suivi peut être plus long lorsque le patient souhaite investiguer du côté des causes afin d’éviter un processus de répétition. Un travail analytique s’enclenche alors. Les deux approches sont complémentaires.

Cela est-il plus fréquent pour les hommes ou pour les femmes ?

Hommes et femmes sont concernés. J’ai un ratio d’environ 55 % de femmes pour 40 % d’hommes à mon cabinet. Quelques personnes transgenres aussi. Au fil du temps, il est devenu plus facile d’aller consulter un sexologue. Nous sommes de plus en plus nombreux et les résistances sont moins fortes.

Auriez-vous des conseils pratiques quant à notre épanouissement sexuel ?

Avoir conscience des effets autant que des signes annonciateurs du stress peut éviter des drames individuels et systémiques (amoureux, relationnels, professionnels…). A ce titre, tout l’enjeu réside alors dans la prise de conscience de son état de stress, non pas pour annihiler le stress, mais pour apprendre à s’en servir comme d’un levier.

Nous avons déjà évoqué, le slow-sex, le sex-time ou la boîte à fantasmes comme exercices à pratiquer en couple pour apprendre à se déstresser tout en se retrouvant intimement, mais d’autres approches existent comme le tantrisme, le yoga, la méditation, les exercices de respiration (cohérence cardiaque)… Sans oublier bien-sûr,  tous les loisirs (sport, jardinage, musique, couture, bricolage…) qui produisent en vous un plaisir, accompagné d’un effet de relâchement.

 Apprivoiser le stress, le canaliser, pour en faire une force motrice. Voilà qui, même en cas de pandémie, pourrait bien vous changer la vie.

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