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La vérité sur les régimes : pourquoi il est temps de se réveiller ?

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La vérité sur les régimes : pourquoi il est temps de se réveiller ?

Le 6 mai : c’est la journée internationale sans régime, peut-être le moment de réaliser tout le mal que l’on s’inflige

Parce qu’on ne le répétera jamais assez, tous les régimes font grossir à terme. Comme les gens ont envie d’y croire, c’est difficile de faire passer le message. C’est en raison de la dissonance cognitive, c’est-à-dire que dans ces cas-là, la raison perd toujours la manche. Cette faim de régimes est passionnelle, elle défie la raison et les expériences passées, elle existe parce que ça semble si facile selon les pubs et que le désir de miracles ne nous quitte jamais totalement.

Un autre regard sur les régimes avec la psychanalyste Catherine Grangeard, spécialisée dans l’accompagnement des personnes en surpoids

La psychanalyste pense pluridisciplinarité et transmission pour analyser les diktats pesant sur les corps comme première étape pour s’en distancier. Elle est aussi coauteure  du roman La femme qui voit de l’autre côté du miroir, aux Editions Eyrolles, qui aborde le thème tabou de l’obésité et de ses conséquences néfastes : manque de confiance en soi, regards des autres, perte des repères et discrimination…

Catherine Grangeard, pourquoi une journée sans régime ? 

On saisit tout de suite pourquoi une telle journée est internationale, partout la mode est d’être mince, svelte, élancée… Pour cela, une méthode semble régner : moins dans son assiette et plus souvent dans ses baskets ! A la longue, cela devient une obsession. Il est ignoré que les morphologies diffèrent et dès l’enfance la restriction s’invite. Or, elle génère des frustrations et des transgressions… Ainsi, on reprend plus de poids que l’on en perd. En prime, des dérèglements s’ajoutent… Non, vraiment il faut oublier les régimes !

La vraie question ne serait-elle pas de savoir pourquoi désirer une perte de poids ? 

Oui, pourquoi ?! Avant que ce soit pour raisons de santé, il s’agit souvent de modes. Un seul modèle de corps est synonyme de beauté. Voilà la racine du mal… Non seulement il est nié que différentes morphologies existent, comme je l’ai dit plus haut, mais en plus le rapport à la nourriture et au corps est lui-même différent selon les personnes et les moments d’une vie. 

« Le souci, c’est qu’il y a bien un moment où tu dois de nouveau te nourrir. Tu ne peux pas te restreindre à vie ! Et comme ton corps n’y comprend plus rien, que tu ne sais plus reconnaître quand tu as faim ou non, tu manges plus que de raison. Forcément, tu regrossis ».

La femme qui voit de l’autre côté du miroir, Catherine Grangeard 

Parfois, s’enrober permet de se sentir mieux, plus en sécurité. L’histoire de la personne explique son rapport à son poids. Ce n’est pas qu’une question de faim, de gourmandise ou que sais-je encore… Désirer être mince, c’est souvent espérer être aimée, pour une femme la minceur est perçue comme un atout. On sait que les femmes grosses ont même moins de chances professionnelles. 

La grossophobie règne !

« C’est pareil pour les régimes, elle le sait bien qu’ils ne fonctionnent pas. Elle l’a vécu. Dans son corps. Mais comment résister à ces injonctions, ne pas avoir envie de tester ? Il faudrait compter le nombre de fois où le terme pointe le bout de son nez en l’espace d’une journée. Il est martelé partout, sur les couvertures de tous les magazines, à côté des corps bronzés et luisants en maillot… » 

La femme qui voit de l’autre côté du miroir, Catherine Grangeard 

Vous pensez que les régimes sont dangereux ?

Bien sûr ! Ils détraquent l’organisme, ils le déboussolent. Si on veut perdre du poids, ce n’est que lentement en adoptant une hygiène de vie différente qu’un résultat à long terme est possible. Et encore, il faut respecter sa nature, on a un poids de forme et c’est comme ça… Je vous renvoie à l’étude qui fait loi : L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publie un rapport d’expertise sur l’évaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement : https://www.anses.fr/fr/content/r%C3%A9gimes-amaigrissants-des-pratiques-%C3%A0-risque-0

Pour certains, on est devenus gros parce qu’on n’a pas fait assez de sport ou de régimes. Ils ne réalisent pas qu’on a arrêté le sport justement parce qu’on est gros ni qu’on a grossi parce qu’on a, entre autres, suivi des régimes. 

La femme qui voit de l’autre côté du miroir, Catherine Grangeard 

Comment en finir avec l’obsession et l’illusion ?

CG : Il faut désormais s’appuyer sur d’autres contentements psychiques immédiats pour contrebalancer la perte. Car le plaisir d’avoir dit « non » à ce qui entraîne une satisfaction sur le champ ne peut se produire spontanément lorsque la personne est mal en point. 

Viser à terme une satisfaction psychique secondaire pour remplacer la satisfaction pulsionnelle primaire. Les patients sont dans la recherche de compensation, il faut tirer conclusion de ce constat. 

Compenser a été jugé comme rendant possible un équilibre, même s’il n’est pas viable. Face à la crainte de l’effondrement, manger devient un antidépresseur facile. Pour éviter de décompenser, c’est un autre équilibre qui est à créer.

On entend souvent « C’est plus fort que moi » : il faut comprendre que la pulsion et l’excès permettent d’éviter le déplaisir plus que procurer du plaisir. 

L’expérience avec les patients montre que l’équilibre psychique va être plus pertinent qu’un indice l’IMC. Il faut comprendre la force inconsciente de divers processus qui l’explique. Le recours à la nourriture revêt des dimensions psychiques quand il est déconnecté d’une réelle faim. 

Notre rôle est de repérer la pression interne et les clivages psychiques pour quitter le seul terrain de la restriction cognitive que sont les régimes hypocaloriques.

Tous les régimes aboutissent à une prise de poids supérieure au poids perdu, conclut l’ANSES. 

Cela porte à réflexion, n’est-ce pas ?