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Ma préménopause ? : « j’avais l’impression d’avoir un Hulk en moi » !

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Ma préménopause ? : « j’avais l’impression d’avoir un Hulk en moi » !

Caroline, 57 ans, a vécu sa préménopause comme un enfer. Elle n’a pas compris ce qui lui arrivait et s’est sentie désemparée, non informée face à cette nouvelle étape de la vie.

« On ne prépare pas assez les femmes dans cette période difficile ».

Caroline, rédactrice, vit dans les Landes, a 2 enfants qui vivent à l’étranger (29 et 26 ans). Elle a quitté la région parisienne au moment de sa préménopause.

Elle nous témoigne son histoire.

A quel âge avez-vous eu vos premiers symptômes ? Et quels symptômes avez-vous eu ?

Mes premiers symptômes sont apparus à 48 ans. Je n’avais pas de bouffées de chaleur mais des variations d’humeur incroyables, une alternance d’euphorie et d’abattement. J’étais très vulnérable, émotive et irascible. 

J’étais sensible au moindre mot de travers. S’en dégageait beaucoup d’agressivité, c’était très chaud !

J’avais l’impression d’avoir un Hulk en moi, c’était comme un dédoublement de personnalité.

C’est un peu dur ce que je dis, mais tout cela était mes premiers symptômes. Je ne les avais pas relié à la préménopause, je pensais que c’était autre chose.

Je n’ai pas encore parlé des « symptômes esthétiques ». Pour ma part, je n’ai pas eu la peau attaquée, pas le visage qui s’affaisse, ni la peau qui flétrit d’un coup. Bon, je vieillis comme tout le monde, mais ce n’était pas flagrant.

Mais j’ai pris une dizaine de kilos ! Ca a été très très fort, très dur à vivre.

Mais je ne faisais pas de sport et ces kilos s’apparentaient surtout à mon arrivée dans le sud-ouest, j’ai davantage profité de ma vie on va dire, mais la préménopause n’arrange rien.

Un autre symptôme qui est vite arrivé, c’est l’insomnie ! Moi qui dormais comme un bébé, là, je ne dormais presque plus.

Je suis même allée faire des examens pour l’apnée du sommeil mais tout cela était la conséquence de mes sueurs nocturnes.

Je pense que c’était totalement lié à ça !

Mes bouffées de chaleur se sont manifestées le soir et la nuit, rien la journée. Et c’était tout le temps !

Je n’avais pas de sommeil réparateur, je dormais avec une agitation extrême. La couette qui allait, qui venait, la fenêtre ouverte été comme hiver, donc tu te « bats » avec ton conjoint parce que lui évidemment a froid.

Pour moi, c’était vital d’ouvrir cette fenêtre ! Il n’y avait pas de tergiversation ! Les sueurs nocturnes, c’est horrible !

Vous pouvez alors imaginer les journées que je pouvais passer, pas assez de sommeil, j’étais agressive, susceptible et d’une humeur de chien !

Et puis cette tristesse, ça a été un de mes premiers signes de la préménopause aussi. On l’ignore très souvent, on se dit même qu’on est dépressive même si nous n’avons aucune raison de l’être. Envie de pleurer, envie de rien d’autre, plus de motivation à rien.

C’est très perturbant, d’autant plus qu’on ne l’identifie pas au départ.

Je ne comprenais absolument pas ce qui m’arrivait !

Et je ne voulais pas voir la vérité en face. J’avais 48 ans, j’étais trop jeune. Et personne ne m’avait dit qu’à 47-48 ans, tu pouvais avoir des premiers signes qui s’appellent la préménopause.

On parle toujours de la ménopause mais jamais de la préménopause. Or c’est important que les femmes soient renseignées sur ce sujet avant que cela ne leur tombe dessus !

On pense arriver dans la ménopause, les règles s’arrêtent, on a quelques symptômes… Mais non ! Il y a des indices forts avant cela. Et je n’avais rien lu là-dessus, même pas dans les magazines.

En plus, comme nous avons nos règles, même si elles sont espacées, dans nos têtes, on est loin d’être ménopausée.

C’est difficile à accepter.

J’ai été ménopausée à 50 ans, après le décès de ma mère. Sauf une fois, j’ai eu des règles hémorragiques et puis plus rien. Je pense que le choc a dû y être pour quelque chose.

Comment a réagi votre entourage face à votre humeur changeante ?

C’est ce qui a été le plus difficile ! Mes enfants sont partis vivre à l’étranger donc de leur côté, pas de problème. Mais pour mon conjoint, ça a été une autre histoire.

Ca a été une question d’acceptation pour lui aussi.

Les hommes savent que les femmes passent par cette étape. Mais il y a une incompréhension totale qui est due au fait qu’ils ne peuvent pas comprendre ce que nous ressentons exactement. C’est normal.

Il y a aussi une perte de patience. Et ça aussi, c’est un élément supplémentaire à gérer pour nous.

Je conçois bien que c’est très difficile à vivre pour le conjoint, surtout que c’est imprévisible.

Imaginez-vous la nuit, vous ne dormez pas, vous avez chaud, vous ouvrez la fenêtre mais pour lui c’est une horreur. Je comprends quel enfer il a pu vivre.

C’est un peu insoluble, les hommes vivent quelque chose de difficile et en même temps, on a l’impression qu’ils ne nous comprennent pas. Mais ce n’est pas qu’ils ne comprennent pas, c’est qu’ils ne peuvent pas nous comprendre !

Vous avez communiqué sur votre préménopause ? Ouvertement, sans tabou ?

On en parlait mais dans le vif des choses, pas de manière calme et approfondie.

Et puis lui n’a pas non plus cherché à savoir véritablement. Il aurait pu lire des témoignages, des articles, en vain.

Tous les hommes ne sont peut-être pas comme ça mais il a dû se dire que c’est un mauvais moment à passer.

On n’en a pas parlé de manière scientifique, physiologique. Notamment concernant les sueurs nocturnes.

Alors comme nous avons la chance d’avoir plusieurs chambres, j’allais dormir certaines nuits ailleurs. C’était notre solution pour ne pas handicaper son sommeil.

Cela a changé quelque chose dans votre couple ?

Oui, il y a eu des répercussions. Je ne dis pas que ça a changé durablement et ça n’a pas eu de conséquences extrêmes non plus. Mais ça a été compliqué à vivre pour nous deux.

Mon conjoint est plutôt stressé, il travaille beaucoup, il n’avait pas forcément toute la patience nécessaire. Par moment oui et d’autres moyennement.

Mais ça a eu beaucoup d’incidence. En plus dans mon cas, notre relation était récente, cela faisait deux ans que nous étions ensemble. Je l’ai connu à 16 ans, et retrouvé 30 ans plus tard. On a déménagé, on se retrouvait, tout était beau, j’étais en forme, tout allait bien. Le grand bonheur !

Mais deux ans après la lune de miel, ce n’était sans doute pas ce qu’il avait prévu. On sortait tous les deux de nos divorces. Nous n’avions pas envie de retrouver un quotidien, de vivre une relation de couple usante, usée mais malheureusement ça met à mal une relation cette période de préménopause !

Je ne suis pas bien sûre qu’il y ait beaucoup d’hommes qui se renseignent sur le sujet par eux-mêmes. Mon mec par exemple se penche beaucoup plus sur ses bobos à lui.

Et puis, il ne comprenait pas comment je pouvais être plaisante en public, ne pas montrer de variations d’humeur, alors que devant lui je ne me gênais pas. Je lui en mettais plein la tête. Il se voyait comme un bouc émissaire mais ce n’est pas ça. Il est évident que tu ne peux pas jouer la comédie 24 h/24 chez toi avec la personne avec laquelle tu vis. Ce n’est pas possible. Il a eu du mal à comprendre.

Votre sexualité a-t-elle été impactée ?

Oui bien sûr ! La sécheresse vaginale, les douleurs au moment de la pénétration, ce n’est pas génial. Et je trouve que les hommes ne sont pas très conciliants par rapport à ça, enfin le mien en tout cas.

Ils souhaiteraient que ce soit comme avant, sauf qu’on est plus réticentes, on ressent une perte de désir, c’est physiologique.

Et ça non plus ce n’est pas bien vécu par un homme. Le mien n’a pas trouvé un moyen de pallier ça sexuellement. C’était la pénétration ou rien globalement.

Il y a juste une démarche différente à avoir je pense, il faut tenter de réfléchir autrement, se réajuster.

Bon, nous ne sommes pas non plus des statues de marbre, il faut se rassurer.

Pour les hommes, je pense qu’il y a un regard particulier. Ils voient sans doute une perte de notre féminité plus importante que nous ne la voyons.

Ce regard est déstabilisant, même s’il est aimant bien sûr, mais c’est un regard où tu ne vois plus ta féminité.

C’est difficile à vivre psychologiquement, ce n’est pas encourageant pour aller de l’avant et pour sortir de cela.

J’ai quand même de la chance car j’ai confiance en moi, je n’ai jamais eu de mauvaise image de moi, même pendant cette étape. Mais j’imagine des femmes qui sont dans ce cas de figure, ça doit être horrible.

Bien sûr quand j’ai pris du poids, je me suis trouvée moins jolie mais ça passe, ce n’est pas irréversible.

La ménopause, ce n’est pas non plus une négation de l’identité d’une personne.

Qu’est-ce que la ménopause a changé en vous ?

Déjà, je ne me suis jamais dit qu’il s’agissait de la vieillesse, et ça, c’est déjà une bonne chose.

Mais j’ai quand même fait le deuil de ma féminitude.

Pour le physique, je me sens relativement épargnée, bon je vieillis ok mais tout ne dégringole pas. Quelques personnes de mon entourage ont vu leur qualité de peau changer brutalement et là c’est une autre histoire. Pour une femme c’est difficile.

Combien de temps a duré votre préménopause ? Et qu’avez-vous pris pour aller mieux ?

Elle a duré 6-7 ans. J’étais « dans le dur » et depuis mes 55 ans, ça va beaucoup mieux. Aujourd’hui, je contrôle. Depuis 4 ans, ces problèmes d’humeur se sont dissipés.

Mais les sueurs nocturnes sont encore présentes, donc je n’ai pas retrouvé un sommeil qualitatif, mais c’est par période à présent.

Pour aller mieux, j’ai tout essayé, des tas de compléments alimentaires qui agissaient au début mais pas dans la longueur.

En revanche, je ne suis pas allée chez ma gynécologue pour obtenir une prescription de traitement hormonal. Elle m’en a parlé bien sûr mais je ne voulais pas en prendre et je n’en ai jamais pris. Ca m’effrayait un peu. Et puis je suis très médecine naturelle.

Avez-vous parlé de votre préménopause autour de vous ? A vos amies ?

Oui, on s’en est parlé en rigolant, on échangeait nos expériences, on se donnait des conseils.

Mais je ne recherchais pas cet échange pour m’aider psychologiquement.

Aujourd’hui, je me dis que je ne me suis pas assez prise en main et que j’aurais pu. Tout est possible de nos jours.

Je n’ai pas été à la recherche de remèdes, pour moi c’était une étape naturelle qui devait se dérouler et rien de plus.

Votre maman a-t-elle eu une ménopause difficile ?

Oui, difficile. Et je ne sais pas si c’est héréditaire.

Elle nous avait toujours mises en garde avec mes sœurs. Elle commençait à nous préparer, mais on ne l’a pas trop écoutée, on était dans la quarantaine, on n’avait pas envie d’y penser.

Mais je réalise avec le recul qu’elle l’a vécue seule, je n’ai pas le souvenir de l’avoir vue mal mais je sais qu’elle n’était pas au top.

Elle avait pris beaucoup de poids aussi.

Et l’après ménopause ?

Pour moi, ça a été une vraie reconquête de mon corps. Je ne faisais pas du tout de sport et là je m’y suis enfin mise. Il y a une envie de reprendre soin de soi.

Je fais très attention à ce que je mange même si je n’ai pas perdu tous mes kilos, mais je me suis fait une raison. Je n’ai pas de diktat très poussé sur le physique.

La seule chose qui me ravit de cette ménopause, c’est que je n’avais plus de sein en prenant la pilule avant et là j’ai retrouvé une poitrine super belle, c’est mon « cadeau ménopause ».

Pour conclure, je trouve que c’est une aventure qu’on vit seule la ménopause, c’est complètement intime et personnel. Sans doute dommage…

https://www.konenki.fr/herve-51-ans-brise-le-tabou-menopause-dans-le-coeur-des-hommes/